| Grenoble : Un permis de démolir sur la traverse des 400 Couverts | 
Le 27 mai 2004, la mairie signe un permis de démolir sur la traverse 
des 400 Couverts
 
La traverse des 400 Couverts, c'est une traverse entière occupée:
- 6 bâtiments squattés et réhabilités depuis 2 ans et demi
- le domicile d'une vingtaine de personnes et une vie collective
quotidienne
- le Chapitonom, une salle que des habitant-e-s et des personnes 
extérieures font vivre depuis 2 ans, et qui a accueilli plus de 70 
événements à prix libre (concerts, projections, lectures, pièces de 
théâtre, débats...), de nombreuses répétitions de théâtre, musique, 
etc., et plus de 2000 personnes différentes
- un four à pain en torchis (terre, paille, crottin de cheval), 
construit au printemps 2003 pour pouvoir faire du pain, des pizzas, des 
gratins au feu bois, et utilisé notamment pour les repas de quartier 
dans la traverse
- un atelier filtrage d'huile (qui nous sert pour expérimenter les 
moteurs à l'huile de tournesol)
- l'infokiosque (une bibliothèque de plus de 1000 livres, brochures, 
revues sur des questions politiques, intégrée dans un réseau francophone 
et dans le site http://infokiosques.net)
- une zone de gratuité (où chacun-e peut se servir de vêtements, objets, 
etc., et déposer ceux dont il/elle ne se sert pas)
- une yourte, tente mongole auto-construite d'habitat semi-nomade
- un jardin potager
- un compost à l'odeur contenue
- un toit végétal
- un square réaménagé, repeint, décoré de mosaïques
- un griottier, un abricotier, un pêcher plantés dans la rue
- une rue dont nous essayons de faire un lieu de convivialité entre 
voisin-e-s
- un lieu de réunions et de stockage pour des collectifs et des 
associations (autour de l'anticapitalisme, des médias alternatifs, des 
luttes contre l'enfermement psychatrique et carcéral, des énergies 
renouvelables...)
- des halles pour y stocker de la récup, y sécher de l'ail glané ou des 
plantes sauvages cueillies
- une pharmacie axée sur la médecine alternative et les plantes
médicinales
- une salle de répétition accueillant des ateliers danse, théâtre, boxe 
française et self-défense féministe
- un atelier informatique basé sur les logiciels libres (unix / gnu-linux) 
avec des échanges de savoirs
- un labo-photo
- un atelier de réparation vélos
- une cuisine collective permettant d'organiser des restos à prix libre
- ponctuellement, des ateliers vitrail, menuiserie, sérigraphie, 
poterie, couture, prise de vue... et réhabilitation des maisons 
(électricité, plomberie, charpente, maçonnerie, carrelage, chaux, et 
décorations les plus folles) !
 
Tous ces espaces et ces activités ont été réalisés avec les moyens du 
bord, sans subventions et pratiquement sans argent, hors des circuits 
marchands et institutionnels. Ils sont reliés entre eux par des échanges 
et des rencontres entre les personnes, habitantes ou participantes à ces 
activités, par un esprit et des questionnements communs. A travers nos 
pratiques, nous voulons remettre en cause différents principes et 
systèmes, depuis ceux de la "consommation culturelle" jusqu'à ceux d'une 
société de profit, de compétition, de "croissance"...
La vie de la traverse est rythmée par les glanages et bricolages, les 
recherches de rapports humains sans dominations, les réunions, les 
banquets sur nappe blanche, les liens ville-campagne, les discussions de 
fond, la circulation des savoirs-faire, la participation à des 
manifestations et des luttes sociales (notamment autour du logement, à 
travers le collectif Défends-toit)... 
 
La municipalité de Grenoble, propriétaire, s'est toujours montrée soit 
indifférente, soit franchement hostile à ce qui se passait dans cette 
traverse : menaces de coupure d'eau, procès, destruction du toit d'une 
des maisons pour éviter qu'elle ne soit occupée... C'est le Dauphiné 
Libéré, à travers nombre d'articles, qui nous a "informé-e-s" de la 
démolition des bâtiments et de notre expulsion, prévues pour 2004, et 
censées laisser la place au projet immobilier de Grenoble Habitat, dont 
l'on vante injustement les mérites (voir ci-contre). La municipalité 
grenobloise ne nous a pas donné signe de vie depuis 2 ans : sa 
"politique du dialogue et de la concertation" se développe-t-elle par 
médias, huissiers et CRS interposés ?
Le projet de Grenoble Habitat ?
32 logements, dont une minorité de logements sociaux. La mairie se 
gargarise d'y inclure une "résidence pour personnes âgées", argument 
porteur dans un quartier qui attend impatiemment une maison de retraite 
depuis la fermeture du foyer Pinal... Mais cette fameuse "résidence" ne 
correspond qu'à "l'aménagement de certains appartements" par 
l'installation de barres de soutien dans les sanitaires, de portes 
élargies et d'ascenseurs, comme l'a dit lui-même M. Buisge, gérant du 
projet pour Grenoble Habitat. Un dispositif d'aménagement qui, en somme, 
n'a rien d'extraordinaire, qui devrait même être bien plus répandu, afin 
de permettre aux personnes âgées ou handicapées d'avoir un éventail de 
choix de logements plus large que celui qu'on leur propose. La pâtine 
sociale du projet de Grenoble Habitat est donc bien maigre... et cache 
difficilement une pure et simple opération immobilière, sans doute 
juteuse dans ce quartier central, proche de la gare et d'Europole... 
Chaque mètre carré, ici comme ailleurs, doit être rentabilisé !
 
Nous voulons attirer l'attention sur ce qui risque de disparaître avec
l'expulsion des 400 Couverts. Grenoble, dont la municipalité vante 
l'esprit d'avant-garde, le foisonnement culturel et tutti quanti, risque 
de perdre une expérience unique d'habitat collectif et autogéré, en 
plein centre-ville, intégrée depuis des années dans le quartier et dans 
un réseau d'associations à l'échelle locale et même régionale.
La mairie dépense des millions dans sa Maison centrale de la Culture, 
pour faire de "l'animation" et du "divertissement"... mais réduit en 
gravats un espace de création, de tentatives, de réflexions, de 
rencontres, de solidarités, d'ébullition, de vie, qui ne lui coûte rien. 
Elle montre encore une fois, en menaçant notre collectif d'une quatrième 
expulsion en quatre ans, qu'elle ne veut laisser absolument aucune 
place, dans la ville, à ce genre de projets.
Est-ce ainsi qu'elle compte régler l'énorme "crise" du logement ? Est-ce 
ainsi qu'elle contribuera à "créer du lien social" ? Est-ce ainsi 
qu'elle encourage les "initiatives" constructives et créatrices des 
habitant-e-s de Grenoble? Que sacrifiera-t-elle encore pour "nettoyer", 
contrôler et uniformiser la ville, pour attirer les investisseurs et la 
population rentable d'ingénieurs nano-technologues ? Quels nouveaux 
simulacres de "concertation" inventera-t-elle pour donner un visage 
humain à ses expulsions et autres projets de prestige ?
Pourquoi ne pas imaginer que ce qui existe aujourd'hui, dans la traverse 
des 400 Couverts, puisse continuer à vivre ?
Il est encore possible de faire reculer la mairie. Soyons nombreux/ses et
créatifs/ves... Que nous soyons venu-e-s habiter, faire du pain, danser, 
assister à des spectacles, débattre en petits groupes, choisir des 
vêtements gratuits dans la traverse des 400 Couverts, défendons-la 
ensemble, becs et ongles ! Les espaces d'autonomie et d'expérimentation 
sont inestimables, nous ne les laisserons pas détruire d'un trait de 
plume...
N'hésitez pas à répandre la nouvelle autour de vous, à grossir l'arbre 
téléphonique, à venir nous rencontrer avec vos questions et vos idées, 
pour visiter les lieux et découvrir ce qui s'y passe... Vous pouvez 
également écrire des lettres de soutien et nous les faire parvenir. En 
clair, toutes vos initiatives sont les bienvenues.
 
Traverse des 400 Couverts, 
près de la Gare, de l'ANPE et de l'arrêt de tram Alsace-Lorraine, entre 
le cours Berriat et l'avenue Alsace-Lorraine.
Pour nous contacter : chapitonom@no-log.org<br> 
04.76.86.07.37/ 04.76.43.87.75
Pour en savoir plus sur les lieux et projets autogérés à Grenoble :
 
http://www.inventati.org/nebuleuse
Pour être tenu-e au courant des nouvelles des squats de Grenoble : 
inscrivez-vous à la liste de diffusion grrrville@squat.net (il suffit de faire la demande en écrivant à cette adresse).
Des habitant-e-s de la traverse squattée des 400 couverts
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