DE LA DÉPOSSESSION À L'AUTONOMIE EN MATIÈRE DE COMMUNICATION (texte écrit jadis quelque part dans le mouvement squat toulousain) * * * Définition du Larousse de média : Tout support de diffusion de l’information constituant à la fois un moyen d’expression et un intermédiaire transmettant du message à l’intention d’un groupe. L’omniprésence de l’information diffusée par les merdias ainsi que le monopole que ceux-ci représentent contribuent à crédibiliser cette information par le seul fait qu’elle soit unique et non-contradictoire. La pluralité et la soi-disant indépendance de la presse (presse Hersant, télé Bouygues, pour ne citer qu’eux) sont des subterfuges démocratiques destinés à nous faire croire que l’expression et la diffusion d’idées sont libres. 1. COMMUNICATION ET AUTONOMIE Les mouvements de contestation de font que peu souvent l’effort de se doter de moyens de communication autonomes. Développer ces derniers et adopter une attitude rupturiste dans notre rapport avec les merdias pourraient être une innovation profitable à notre mouvement étant donnée la maîtrise que l’on aurait du contenu de l’information, de sa qualité et de sa diffusion. Pourquoi ne pas adopter, face aux merdias avec lesquels nous faisons beaucoup de compromis et sur lesquels nous n’avons aucun « contrôle », la même attitude que l’on développe dans nos rapports avec certaines institutions ? Car la communication est aussi un axe de recherche en matière d’autonomie. Mettre en œuvre nos propres moyens pour diffuser nos idées et nos pratiques permettrait également de faire la part des choses entre communication et information. En effet, le développement outrancier des mass médias nous inonde d’un flot d’informations tel que nous ne pouvons les recevoir et les analyser correctement. De plus, ce volume d’informations crée une accoutumance (ou un conditionnement) engendrant la passivité et l’absence d’esprit critique lorsqu’elles nous parviennent. Il semble par conséquent peu probable de parvenir à toucher les gens et à susciter de la curiosité chez eux en utilisant les merdias officiels pour la propagation de nos idées. Contrairement à l’information que nous recevons passivement et unilatéralement, la communication peut être un échange et déboucher sur une rencontre. En assumant nous-mêmes la diffusion de l’information, d’une part nous évitons la récupération spectaculaire* par la presse écrite et télévisée et d’autre part nous avons la possibilité d’associer l’information brute et le débat de fond, chose impossible par les voies officielles. Comme le précise la définition du Larousse du mot média, celui-ci est un intermédiaire. Et l’autonomie ne consiste-t-elle pas aussi à se passer d’intermédiaire ? Un journal mural dont nous couvririons les murs de la ville est un bon moyen d’exprimer à la fois nos pratiques, nos utopies et les programmes de nos actions et activités diverses. Que les textes affichés soient de l’information brute, des débats de fond ou des programmes, il y a toujours moyen d’inviter les gens à la rencontre. Encore faut-il pour cela ne pas être paranoïaque, ne pas se la jouer comploteur/euse clandestin-e, et être ouvert- e aux nouvelles personnes. Nous pouvons aussi entretenir des liens de complicité et de solidarité plus largement que localement et de façon plus formelle avec d’autres collectifs et individus. D’oublions pas que les liens entre les gens inquiètent les dirigeant-e-s et les instances de contrôle (cf. l’affaire des inculpé-e-s de l’incinérateur de Fumel). 2. LES PIEGES DES MERDIAS En se passant des merdias, nous évitons également le piège de notre fréquente naïveté à leur égard – il ne faut pas se leurrer, les journalistes font un sale boulot, ils le font salement, c’est normal* - ainsi que celui de la gratification de notre ego par la feinte attention qu’ils nous portent temporairement, qui mènent tous deux assez rapidement à la José-Bovification des mouvements de contestation et de résistance. Les embûches du spectacle et de la représentation nous guettent à l’orée de la médiatisation. Un autre inconvénient est l’impossibilité du droit de réponse par le même biais le cas échéant. Pour toutes ces raisons, il semblerait intéressant de tenter une expérience concrète de boycott des merdias et d’effort de communication autonome. * Lire l’article de Libération sur le Clandé