27 octobre 2005, Zied et Bouna sont assassiné par la Police !

Le 27 octobre 2005, Bouna et Zyed meurent électrocutés alors qu’ils fuient un contrôle de police. Des émeutes embrasent Clichy-sous-Bois puis d’autres quartiers en France. L’État met en place un couvre-feu, des méthodes dignes d’un État colonial se multiplient sans que la majorité de la population extérieure à ces quartiers ne réagisse à la répression qui se déchaîne. Contre une population stigmatisée et humiliée quotidiennement. Les magistrats jugent plus sévèrement les « fauteurs de troubles » de ces quartiers plutôt que les auteurs de violences étatiques complices d’un système qui creuse les inégalités et dresse les individus les uns contre les autres.

Le jugement des policiers est continuellement reporté tandis que des jeunes sont incarcerés sans preuve….

Cinq ans plus tard, en octobre 2010, deux policiers étaient renvoyés par les juges d’instruction chargés de l’enquête devant le tribunal correctionnel pour « non assistance à personne en danger », mais le parquet de Bobigny fait appel. Suivant les réquisitions du parquet, qui estime que les deux policiers n’avaient pas eu connaissance de la réalité du danger, la Cour d’Appel de Paris a prononcé un non-lieu en avril 2011. La famille avait alors fait appel du non-lieu. L’examen du non-lieu devant un tribunal correctionnel de la région parisienne aura finalement lieu le 3 octobre 2012.

Il sera justement question, dans le débat de la Cour de Cassation, de l’égalité de traitement de la police envers les personnes. La question de la différence de traitement entre ceux qu’ils jugent comme suspects et envers qui ils sont menaçants et ceux à qui ils font peur, qui ne sont pas perçus comme une menace et qu’ils ne menacent jamais. Iront-ils jusqu’à admettre qu’ils ont le droit de risquer la vie ou de donner la mort aux personnes qu’ils jugent suspectes ? La justice admettrait donc que la police jouit d’un permis de tuer certaines populations, celle de ces quartiers écrasés par la domination raciale et économique ?

Bouna et Zyed ne sont pas morts pour rien, comme ils n’ont pas été tués pour rien

Les morts impliquant la police sont loin d’être accidentelles. L’action de la police engendre des morts car ses fonctionnaires sont formés à la haine de ceux qu’on leur présente comme des sous-hommes, mais aussi car la police est nécessaire au maintien d’un ordre social violent et inégal.

Le souvenir de Bouna et Zyed, comme celui de toutes les autres victimes de la police, est gravé dans le corps et la tête de beaucoup d’entre nous. Ils tuent nos frères, ne les laissons pas enterrer leur mémoire. Notre devoir est de ne pas taire la souffrance engendrée par leurs agissements. De trouver des moyens de combattre leurs violences et surtout de ne pas laisser dans l’oubli ceux qu’ils aimeraient « morts pour rien ».

Cette année encore rendons hommage à Bouna et Zyed, à tous les autres tués par ou à cause de la police et aux frères enfermées pour rien ou pour une révolte légitime.


Le procès des deux policiers poursuivis pour la mort de deux adolescents dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois en octobre 2005 aura lieu du 16 au 20 mars 2015, a indiqué lundi le procureur de la République de Rennes. Les deux prévenus comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Rennes pour « non-assistance à personne en danger », près de dix ans après la mort de Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans. L’audience « est prévue sur toute la semaine », a indiqué dans un mail à l’AFP le procureur de Rennes, ville où l’affaire a été dépaysée par la Cour de cassation en octobre 2012, lors de l’annulation du non-lieu prononcé par la cour d’appel de Paris.

La cour d’appel de Rennes avait ensuite décidé en septembre 2013 de renvoyer les policiers en correctionnelle. Le 27 octobre 2005, après une course-poursuite, Zyed et Bouna avaient péri électrocutés dans un transformateur EDF où ils s’étaient réfugiés. Un troisième jeune, Muhittin Altun, 17 ans au moment des faits, avait été grièvement brûlé.